Monday, October 03, 2005

CHOLERA AU CAMEROUN DE 1971 - 1988

LE CHOLERA AU CAMEROUN DE 1971 - 1988 (Mars 1989)
*Dr MFONFU Daniel*
**Mme AGBOR-TABI Deborah**Service de l’Epidémiologie
Ministère de la Santé Publique

* Chef de Service d’épidémiologie, Ministère de la Santé Publique, de 1985 - 1990*
** Cadre dans le Service d’épidémiologie, Ministère de la Santé Publique**

R E S U M E

L’étude de l’évolution du choléra au Cameroun a été réalisée afin de faire ressortir ses caractéristiques épidémiologiques qui pourraient être utilisées pour la surveillance et le contrôle de ce fléau. Une revue des données sur le choléra au Cameroun de 1971 en 1988 a été faite.

Le choléra a fait son apparition au Cameroun pour la première fois par la zone littorale a travers d’une pêcherie près de Douala le 4 Février 1971. Une deuxième entrée du choléra était par le Département du Logone et Chari dans la cuvette du Lac Tchad en Mai 1971. De 1971 en 1988, 12.076 cas de choléra dont 1.389 décès ont été enregistrés avec un taux de létalité de 11.5%.

Les Départements du Wouri et Moungo dans la Province du Littoral ont été les plus atteints ; ainsi que l’Arrondissement de Batcham du Departement des Bamboutos dans la Province de l’Ouest; les Iles et la ville de Muyuka du Département de Fako dans le Sud-Ouest ; les Départements du Logone et Chari, Mayo Sava, et Mayo Tsanaga dans l’Extrème-Nord.

Quatre grandes éclosions épidémiques ont sévi dans le pays en 1971 dans la ville de Douala et le Département du Logone et Chari ; en 1980 dans les Départements de Mayo Sava et Mayo Tsanaga ; en 1983 dans la ville de Douala, et en 1985 dans l’Arrondissement de Batcham. La principale cause de choléra était le vibrions cholérique El Tor des sérotypes OGAWA et INABA. La transmission du choléra dans la zone côtière, les Provinces du Littoral et du Sud-Ouest était essentiellement hydrique tandis qu’elle était directe et inter humaine dans les Provinces de l’Ouest et de l’Extrème-Nord. Les flambées épidémiques et les poussées saisonnières de choléra étaient observées des la fin de saison de pluie et pendant la saison sèche dans le Sud du pays, et pendant la saison de pluie dans le Nord.

Les facteurs favorisant la transmission du choléra étaient surtout la concentration ou le rassemblement humain ; le maniement et le transfert des malades et des cadavres ; des rites traditionnels sur les cadavres ; les repas en commun avec les mains, et le manque de respect de l’hygiène alimentaire ; et le manque de l’eau potable surtout à Douala.

L’Etat a déployé des efforts énormes pour contrôler ce fléau en assurant l’approvisionnement de la ville de Douala et plusieurs villages en eau potable d’excellente qualité. Cependant l’adduction d’eau potable devrait suivre l’extension rapide de la ville de Douala en population et superficie afin d’empêcher toute apparition éventuelle d’une autre épidémie de choléra.

Le diagnostic d’un cas de choléra dans une localité devrait susciter une enquête épidémiologique approfondie, en tenant compte de sa situation géographique, et du fait que depuis l’apparition du choléra en 1971, le vibrions cholérique pourrait être encore vivant dans certaines régions du pays ; sans oublier néanmoins l’origine étrangère. En cas d’une épidémie de choléra, les facteurs favorisant la transmission de la maladie devraient être supprimes. Le respect de l’hygiène alimentaire devrait être de rigueur.
LE CHOLERA AU CAMEROUN DE 1971 EN1988
(Mars 1989)
Dr. MFONFU Daniel: Mme AGBOR-TABI Deborah
Service de l’Epidémiologie
Ministère de la Santé Publique

Le Choléra a fait son apparition dans les pays situes au Sud du Sahara en Août 1970, au cours de la septième pandémie au vibrion cholérique El Tor, partie des Célèbres, Indonésie, en 1961. La première épidémie de choléra a débute en Guinée a Conakry en Août 1970, et puis la maladie s’est propagée de l’Ouest à l’Est le long de la côte. Le choléra progressait d’un pays a l’autre par voie de la mer par l’intermédiaire des pêcheurs piroguiers. A partir des régions côtières la propagation s’effectuait également vers l’intérieur principalement le long des axes routiers et des rivières. Le biotype était El Tor et le sérotype OGAWA.

Au Cameroun les primaires cas de choléra ont été signales le Jeudi, 4 Février 1971 par l’Hôpital Laquintinie a Douala en provenance de l’Ile de Djebale, une pêcherie au Nord de la ville. Le germe en cause identifie était le vibrions cholérique, biotype El Tor et sérotype OGAWA.

De 1971 a 1988 le choléra semblait endémique produisant souvent de grandes éclosions épidémiques dans le pays.

L’étude de l’évolution du choléra dans le pays a été réalisée affin de faire ressortir ses caractéristiques épidémiologiques qui pourraient être utilisées pour la surveillance et le contrôle de ce fléau.
Les objectifs de cette étude étaient les suivants :
  1. Apprécier l’ampleur et la distribution du choléra au Cameroun de 1971 en 1988.
  2. Etudier les grandes éclosions épidémiques de choléra dans le pays.
  3. Identifier les agents étiologiques et les sources de contamination.
  4. Dégager les modes de transmission du choléra et les facteurs favorisant cette transmission
M E T H O D E
Une synthèse des données sur le choléra a été faite à partir d’une part des rapports sur les cas déclares et les épidémies, disponibles dans le Service de l’Epidémiologie du Ministère de la Santé Publique ; et d’autre part d’une revue des publications sur le choléra au Cameroun ; en Mars 1989. R E S U L T A T S De 1971 en 1988, 12.076 cas de choléra dont 1.389 décès ont été notifiés au Cameroun (Tab.1) Le taux annuel moyen d’incidence déclarée était 15 pour 10.000 habitants ; et le taux de létalité 11,5%. Quatre Provinces ont été sérieusement touchées par le choléra de 1971 en 1988 (Fig I et II, Grap. I) Il s’agit par ordre de sévérité de : 1. La Province du Littoral avec un taux annuel d’incidence de 72 pour 10.000 habitants. Tous les Départements étaient atteints : le Wouri intéressant surtout la ville de Douala ; le Nkam ; le Moungo ; la Sanaga Maritime, surtout l’Arrondissement de Mouanko. 2. La Province de l’Extrème-Nord avec un taux annuel d’incidence de 22 pour 10.000. Les Départements les plus atteints étaient le Logone et Chari ; le Margui Wandala (actuellement Mayo Sava et Mayo Tsanaga), le Diamare, et le Mayo Danay. 3. La Province du Sud-Ouest avec un taux annuel d’incidence de 9 pour 10.000. Les Départements concernés étaient le Fako, intéressant surtout les Iles et Muyuka ; le Ndian ; et le Meme. 4. La Province de l’Ouest avec un taux annuel d’incidence de 5 pour 10.000. Les Départements les plus atteints étaient les Bamboutos surtout les Arrondissements de Batcham et Mbouda ; la Menoua ; et le Haut-Nkam. Les cas de choléra étaient notifiés chaque année dans le pays de 1971 en 1988, à l’exception de 1977 (Tab.2) La régularité de déclaration annuelle des cas était très marquée dans la Province du Littoral et la ville de Douala en particulier (Graph. II) Par contre dans les Provinces de l’Ouest, et l’Extrême-Nord les cas de choléra étaient enregistrés essentiellement pendant les poussées épidémiques en 1971, 1974, 1980, et 1984 (Graph. III) Les flambées épidémiques et les poussées saisonnières des cas de choléra étaient observées des la fin de saison de pluie et pendant la saison sèche de Décembre en Mars dans la région Sud du Pays, et de Mai en Septembre dans la Province de l’Extrême-Nord pendant la saison de pluie. Au cours de la période étudiée, de grandes éclosions épidémiques de choléra ont sévi dans le pays en 1971, 1980, 1983 et 1985 (Graph. IV) Epidémie de choléra en 1971 L’épidémie qui a débuté le 4 Février 1971 a intéressé toute la zone littorale située dans les circuits des pêcheries dans les Départements du Wouri, de la Sanaga Maritime, de Fako, de l’Océan et le Ndian. Une épidémie urbaine n’était survenue qu’a Douala ou 661 cas dont 104 décès ont été enregistrés à la fin de Mai 1971. La transmission de la maladie était principalement hydrique, favorisée par la saison sèche ; la consommation de l’eau des puits et des rivières contaminés ; et le maniement des malades et des cadavres. Suite aux mouvements des populations en dehors de Douala, des cas sporadiques ont été déclares dans les Départements du Mfoundi ; Nyong et Kelle, Moungo et Meme. Le diagnostic de laboratoire a confirmé le vibrion cholérique, biotype El Tor et sérotype OGAWA. Entre le 10 et 18 Mai 1971, une autre épidémie de choléra s’est déclarée brusquement dans la Province de l’Extrème-Nord, touchant les départements du Logone et Chari, Mayo Danay, Margui Wandala (Mayo Sava et Mayo Tsanaga) ; et Diamarie. 1965 cas dont 265 décès ont été notifiés au 30 Juin 1971. Le vibrion a été introduit dans la Province par une famille venant du Nigeria à travers le Lac Tchad au village de Goulfey où l’épidémie s’est explosée pendant la fête de circoncision provoquant 808 cas du 7 au 27 Mai 1971 (Graph. VI) Le germe en cause était le vibrion cholérique El Tor sérotype OGAWA. La transmission de la maladie était par contact direct, et contamination inter humaine favorisée par le repas en commun avec la main. A la fin de 1971, 2.696 cas de choléra dont 427 décès ont été enregistrés au Cameroun. Epidémie de choléra dans la Province De l’Extrème-Nord en 1980 Cette épidémie de choléra a affecté trois Départements de l’Extrème-Nord. Il s’agit de : 1. Margui Wandala (Mayo-Sava et Mayo Tsanaga) 2. Diamare 3. Mayo Danay. L’épidémie a duré d’Août en Décembre 1980, et 1211 cas dont 438 décès, soit un taux de létalité de 36,2%, ont été enregistres. Le taux d’attaque dans le Margui Wandala était 0,19%, le Diamare 0,04%, et le Mayo Danay 0,007% (Tab.3) L’enquête épidémiologique a ressorti que la maladie serait partie du village de Ghoza au Nigeria à l’occasion des funérailles auxquelles des habitants du Département de Margui Wandala ont assisté. De retour un habitant près du village de Kerawa était mort de choléra ; celle ci avait donné lieu à de grandes funérailles attirant de nombreux habitants de trois départements atteints. Ces funérailles à Kerawa étaient à l’origine des éclosions épidémiques dans tout le Département de Margui-Wandala, l’Arrondissement de Maga dans le Département de Mayo Danay, et l’Arrondissement de Bogo dans le Diamare. Le vibrion cholérique, biotype El Tor, sérotype INABA a été isole. La transmission a été inter humaine favorisée par les funérailles successives, et les repas communs avec les mains contaminées.

Epidémie de Choléra à Douala en 1983

Une épidémie très sévère a sévi dans la ville de Douala du 24 Février au 31 Juin 1983.

Il y a eu 4.423 cas dont 119 décès, soit un taux de létalité de 2,7% (Tab 4 et Graph. V) Le taux d’attaque était de 0,63%.

Le vibrion cholérique biotype El Tor, sérotype INABA a été mis en évidence.

La source de vibrion était l’eau des puits contamines dans la ville.

La contamination était essentiellement hydrique, et secondairement par les aliments souilles, contact direct, et contamination inter humaine.

Facteurs favorisant la transmission :
  • la grande sécheresse qui a frappe le pays pendant la saison sèche 1982/1983 ;
  • l’eau canalisée de la ville était devenue salée. Cette eau potable pour la ville de Douala était prise à partir du fleuve Wouri. La station de pompage d’eau était située à quelques kilomètres de son estuaire avec l’Océan Atlantique. La grande sécheresse a provoqué une baisse de niveau des eaux du Wouri entraînant une montée en amont de l’eau de mer qui s’est déversée dans la station de pompage. Les populations ont préféré l’eau de puits a cette eau salée. Les puits étaient peu profonds et le plus souvent situes à proximité des latrines.
  • La consommation de l’eau de puits vendue le long des rues
  • Le maniement des malades, et des cadavres non traités.

Le transfert des malades et des cadavres, et le mouvement des populations en dehors de Douala ont emporte la maladie dans les autres Départements. Des cas sporadiques de choléra ont été enregistres dans le Moungo, la Sanaga Maritime, le Fako, le Meme, et le Mfoundi.

Epidémie de Choléra dans les Arrondissements
De Batcham et Mbouda, dans le Département des
Bamboutos, Décembre 1984 au 14 Avril 1985.
L’épidémie a sévi pendant la saison sèche du 19 Décembre 1984 au 14 Avril 1985.

Localités atteintes :
  1. L’Arrondissement de Batcham – seul le groupement Batcham, 28.000 habitants
  2. Arrondissement de Mbouda – le centre urbain et le groupement Bamenkoumbo, 25.000 habitants.
  3. Dans le Département 386 cas de choléra dont 47 décès, un taux de létalité de 12,2%, étaient enregistres.
Ces cas se sont repartis ainsi qu’il suit :
  • Batcham 309 cas dont 30 décès, avec des taux d’attaque et de létalité respectivement de 1,1% et 9,7%.
  • Mbouda 77 cas dont 17 décès avec un taux d’attaque de 0,3% et un taux de létalité de
    22,1%.
Il y avait une prédominance de sexe féminin parmi les cas de choléra 66,3% (Tab.5). Considérant qu’au niveau national le sexe féminin constitue 50,1% de la population, le taux d’attaque chez les femmes serait de 0,96%, et de 0,49% chez les hommes. C’étaient surtout les femmes qui veillaient les cadavres cholériques, et dormaient sur le sol dans les salles de deuil après l’inhumation des cadavres.

Le vibrion cholérique, biotype El Tor sérotype INABA, et un cas de vibrion cholérique non agglutinant (NAG) ont été identifies.

La source de l’infection était le corps d’un homme mort de choléra à Penja dans le Département du Moungo, Province du Littoral, où sévissait une posée saisonnière de choléra. Le corps a été transféré à Batcham et l’enterrement, auquel assistait une foule nombreuse, était précédé d’une autopsie traditionnelle.
La transmission de la maladie était directe par contact avec les malades et cadavres ; et inter humaine par les mains et aliments contamines. La contamination répétée au cours des cérémonies des deuils et funérailles successifs était à l’origine de la longue durée de cette épidémie (Graph. VII).

Les facteurs favorisants la transmission étaient :

  • la visite et le partage des repas avec des malades hospitalisés
  • le non-lavage des mains avant les repas
  • les deuils successives et les funérailles chaque week-end qui provoquaient de grands rassemblements des populations
  • l’utilisation des effets mortuaires pour le deuil ;
  • la veillée et les repas dans la même salle avec le cadavre cholérique non traité
  • les autopsies traditionnelles
  • la croyance à la malédiction.
L’épidémie s’est étendue dans les Départements de la Menoua et la Mifi à cause du brassage des populations.Les Agents Etiologiques
Le choléra était cause essentiellement par le vibrion cholérique El Tor. En 1971 le sérotype était OGAWA. Le sérotype INABA a apparu en 1972 et était beaucoup plus fréquent au cours des années. Le sérotype OGAWA a disparu à la fin de 1973 et a réapparu en 1978 et depuis lors il était isole d’une façon irrégulière (Tab 7)

Le vibrion cholérique non agglutinant était identifié en 1972, 1976 et 1985.
D I S C U S S I O N
Le choléra a fait son entrée au Cameroun pour la première fois par la zone littorale à travers d’une pêcherie près de Douala le 4 Février 1971. Une deuxième entrée du choléra était par le Département du Logone et Chari dans la cuvette du Lac Tchad en Mai 1971.

De 1971 en 1988, 12.073 cas de choléra dont 1.389 décès ont été enregistrés avec un taux annuel moyen d’incidence déclarée de 15 pour 10.000 habitants et un taux de létalité global de 11,5%.

Les Départements du Wouri et Moungo dans la Province du Littoral ont été les plus atteints ; ainsi que l’Arrondissement de Batcham du Département des Bamboutos dans l’Ouest ; les Iles et la ville de Muyuka du Département de Fako dans le Sud-Ouest ; les Départements du Logone et Chari, Mayo Sava, et Mayo Tsanaga dans l’Extreme-Nord.

Quatre grandes éclosions épidemiques ont sévi dans le pays en :
  • 1971 intéressant la zone littorale surtout la ville de Douala,
    et le Département du Logone et Chari ;
  • 1980 touchant les Départements de Mayo Sava et Mayo Tsanaga ;
  • 1983 frappant la ville de Douala ;
  • 1984 atteignant l’Arrondissement de Batcham dans le Département des Bamboutos.
La principale cause de choléra était le vibrion cholérique biotype El Tor de serotypes OGAWA et
INABA. Les grandes éclosions épidémiques, a l’exception de celle de 1971, ont été associées au serotype INABA. Cependant les deux serotypes étaient identifies souvent ensembles ou isolés au cours de petites poussées saisonnières.

Après l’épidémie en 1971 le choléra était devenu endémique à Douala, ainsi cette ville était le plus souvent le point de départ des épidémies dans d’autres localités des Provinces du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest.

Les travaux ont élucidé les facteurs favorisant l’endémicité du choléra (OMS, Félix) :
  • Dans la zone côtière l’endémie est entretenue par la conservation du vibrion cholérique par les mollusques, crabes, poissons, et fruits de mer. La consommation de ces denrées mal cuites ou crues est un facteur évident de contamination.
  • La persistance de vibrion cholérique dans la nature a été située à 5 ans au minimum. Il peut aussi trouver refuge et gîtes prolonges chez les crustacées, mollusques, et dans les algues en eau douce comme en eau salée. Le vibrion peut donc rester bien vivant, partout et longtemps.
  • L’existence de porteurs au long cours qui assurent une transmission modérée mais entretenue en permanence par les cas de diarrhée non cholériforme ou asymptotique.
La zone littorale du Cameroun et la cuvette du Lac Tchad offrent donc des milieux propices pour la survie du vibrion cholérique.

La transmission du choléra dans la zone côtière, les Provinces du Littoral et du Sud-Ouest était principalement hydrique tandis qu’elle était directe et inter humaine dans les Provinces de l’Ouest et de l’Extreme-Nord. Suite à ces deux modes de transmission on distingue deux modèles épidémiologiques de l’expression de l’épidémie de choléra qui conforment avec l’observation de Félix.
  1. L’épidémie hydrique classique où après une flambée initiale, la densité bactérienne diluée dans le milieu entretient une endémie de longue curée. Plus le contexte hydrique est important plus l’épidémie sera bénigne et étalée, sauf en cas de contamination importante et ponctuelle d’un point d’eau. Les épidémies de la zone littorale et surtout de la ville de Douala sont concernées par ce premier aspect.
  2. L’épidémie par contamination directe et inter humaine où l’homme est le seul vecteur de transmission. L’énorme densité microbienne n’est pas diluée par le milieu et encore moins par une eau absente. Il n’y a pas d’endemisation. Elle est à l’origine des explosons cholériques graves qui frappent toute une population avec une forte létalité. Les épidémies de choléra survenues dans les Provinces de l’Ouest et de l’Extreme-Nord sont de ce modèle. Cependant les deuils et funérailles successives, les sources des contaminations secondaires, ont prolonge la durée des épidémies dans ces deux Provinces.
  3. Les poussées épidémiques de choléra apparaissent dans le Nord du pays pendant la saison de pluie.
Quelques facteurs favorisants sont :
  • Dans les quartiers populaires les latrines sont peu profondes,
  • Quelques latrines s’évident dans les caniveaux
  • Le terrain plat sans un assez bon système de drainage
  • Dès l’arrivée de pluie l’eau remplit les caniveaux faisant sortir les matières fécales qui contaminent les puits.


Cette revue de l’évolution du choléra a montre qu’il était un problème majeur de santé dans le pays de 1971 en 1988. Ce fléau a été néanmoins maîtrise grâce aux interventions menées par les différents services de l’Etat et a la participation de la population, ainsi on n’a assiste qu’à des cas sporadiques de choléra pendant la saison sèche surtout a Douala et dans le Moungo depuis les deux dernières années (1987, 1988)

Le Comité National de Lutte contre le Choléra a été crée, ainsi que les comités provinciaux, départementaux et d’arrondissement. Les comités sont charges de coordonner la lutte et d’élaborer les stratégies pour l’éducation des populations et les campagnes d’hygiène.

Après la grande épidémie de choléra à Douala en 1983, l’Etat a déployé des efforts énormes pour approvisionner cette ville, depuis le début de l’année 1985, avec l’eau potable d’excellente qualité à partir des forages de MASSOUMBOU (Ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie) Plusieurs villages dans les zones à risque, et dans le pays en général, ont bénéficié de l’adduction d’eau potable de bonne qualité. Cependant l’adduction d’eau potable devrait suivre l’extension rapide de la ville de Douala en population et superficie afin d’empêcher toute apparition éventuelle d’une autre épidémie de choléra.

La surveillance du choléra est intensifiée dés la fin de la saison de pluie et pendant la saison sèche par les services du Ministère de la Santé. Toutes les diarrhées graves sont obligatoirement investiguées et des mesures thérapeutiques et préventives sont prises des le diagnostic d’un cas de choléra.

La revue des expressions épidémiologiques du choléra au Cameroun de 1971 en 1988 a montré que le fait d’associer toujours l’épidémie de choléra à l’origine hydrique est un mythe. Le diagnostic d’un cas de choléra dans une localité devrait susciter une enquête épidémiologique approfondie, en tenant compte de sa situation géographique, et du fait que depuis l’apparition du choléra en 1971, le vibrion cholérique pourrait être encore endémique dans certaines régions du pays ; sans oublier néanmoins l’origine étrangère.
En cas d’une épidémie de choléra les facteurs favorisant la transmission de la maladie devraient être supprimes : surtout la concentration ou le rassemblement humain ; le maniement des malades et des cadavres ; le transfert des malades ; le transfert des cadavres non traités ; des rites traditionnels sur les cadavres ; et les repas en commun avec les mains. Le respect de l’hygiène alimentaire et de toilette devrait être de rigueur.

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Corresponding Tables and Graphs are located on the next Post 
B I B L I O G R A P H I E1. ABBA LIMAN 1980Situation : épidémie de choléra dans l’Extreme-Nord
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9. FELIX H. 1980Epidémiologie mondiale du choléra
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22. SICARD Jean Max23. Rapports annuels du Wouri 1983 et 1984.
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